Depuis le mercredi 18 juin 2025, plus de 4 000 policiers, gendarmes et agents des douanes ont été déployés dans les gares et les bus de toute la France pour procéder à des contrôles renforcés, dans le cadre d’une opération nationale de lutte contre l’immigration irrégulière. L’opération se poursuit jusqu’au jeudi 19 juin, mobilisant les forces de l’ordre dans plus de 150 points de contrôle à travers le pays.
Pour la première fois depuis plus de 50 ans, la France se prépare à mener ce qui s’apparente à une véritable rafle.
En effet, le matin du 18 juin, au micro d’Europe 1 et CNews, le ministre de l’Intérieur Bruno Retailleau a déclaré :
« Les clandestins ne sont pas les bienvenus en France. »
Avant d’annoncer une opération ciblée, incluant le renforcement des contrôles dans les trains et les bus, notamment à destination des pays frontaliers (Belgique, Allemagne, Italie, Espagne, etc.).
Ces mesures s’inscrivent dans une stratégie plus large : 47 000 personnes en situation irrégulière ont déjà été interpellées depuis janvier 2025, et les contrôles aux frontières ont entraîné une hausse de 28 % des interceptions par rapport à l’année précédente. Une précédente opération similaire menée en mai avait abouti à 750 arrestations en 48h.
Le terme de « rafle » n’a rien d’exagéré ici. Une rafle, par définition, est une arrestation massive, ciblée, opérée de manière soudaine par la police. Et ce qui s’est produit le 18 Juin et qui va se produire le 19 juin en porte clairement les traits.
Une orientation politique assumée
Cette décision s’inscrit dans une dynamique de plus en plus droitière, voire d’extrême droite, de la part du gouvernement français. Depuis la dissolution de l’Assemblée nationale le 9 juin 2024, et les élections législatives anticipées de juillet 2024, le pouvoir semble se recentrer sur des thématiques sécuritaires et identitaires, au détriment des libertés fondamentales.
Depuis sa prise de fonction, Bruno Retailleau multiplie les décisions visant les populations issues de l’immigration, en particulier les communautés maghrébines, noires et musulmanes. Après avoir durci les critères de régularisation, compliquant l’accès à la nationalité française, il lance désormais une nouvelle offensive en multipliant les interpellations.
Contrôle ou ciblage ?
Cette opération pose une question centrale : comment ces contrôles sont-ils réellement menés ?
Quels sont les critères pour interpeller une personne ? Le risque de contrôle au faciès est plus que jamais présent.
Peut-on encore croire que ces contrôles sont neutres, alors que de nombreuses études, décisions de justice et organisations internationales dénoncent depuis des années une discrimination raciale systémique dans les pratiques policières françaises ?
Cette opération ressemble à une nouvelle légitimation institutionnelle de ces pratiques : une pierre de plus dans l’édifice du racisme d’État.
Une mobilisation critique en réponse
Plusieurs associations de défense des droits humains, des syndicats et des partis politiques ont dénoncé cette opération.
Certaines parlent d’une véritable “chasse à l’homme” menée sur des critères raciaux.
Des élus de gauche, notamment au sein de La France insoumise, se sont indignés publiquement.