RDC : Une conférence pour comprendre 30 ans de conflit à l’Est

6/12/2025

Par Brian K — Article coordonné par la Rédaction de TRUSTMAG

Juin est un mois de mémoire pour la République Démocratique du Congo. Le 30 juin 1960, le pays accédait à l’indépendance après des décennies de colonisation belge. Pourtant, 64 ans plus tard, le peuple congolais peine encore à jouir pleinement de sa souveraineté, notamment dans sa partie orientale, en proie à des violences récurrentes.

Dans le cadre de ce mois de l’indépendance, nous publions une série d’articles autour de l’histoire du Congo, de son actualité géopolitique, et des mobilisations citoyennes qui visent à faire entendre la voix des Congolais.
Aujourd’hui, nous donnons la parole à Brian K, jeune entrepreneur engagé, qui revient sur une conférence qu’il a initiée le 24 mai dernier à Liège, en Belgique. Un moment fort placé sous le signe de la transmission, de la pédagogie et de l’action.

« En quoi sommes-nous concernés ? » : récit d’une initiative

Pour la petite histoire, cela fait plusieurs années que j’ai lancé une marque d’accessoires capillaires qui s’appelle Misterag. Une marque en pleine évolution, que je développe progressivement. Il y a quelques mois, j’ai envoyé un colis en RDC via cette marque. Ce geste, aussi simple soit-il, a été le point de départ d’un questionnement plus large. J’ai passé des appels, engagé des discussions… et c’est ainsi qu’est née l’idée d’organiser une conférence caritative.

Cela fait maintenant 30 ans que l’Est de la RDC est ravagé par des groupes armés, des milices, des rebellions... Et surtout, par des intérêts extérieurs qui exploitent les ressources minières du pays sous couvert de coopération ou de paix. Plusieurs institutions occidentales sont impliquées. Depuis Mobutu jusqu’à Félix Tshisekedi, en passant par Laurent-Désiré et Joseph Kabila, les faits s’accumulent, les responsabilités s’enchevêtrent.

Il ne s’agit pas seulement de politique ou de conflits armés. Il est aussi question de mines, de pouvoir, de territoires agricoles, de corruption, de trahisons… Et surtout, d’un peuple pris en otage, souvent mal informé, parfois résigné, mais encore debout.

Alors je me suis posé cette question simple : connaissons-nous vraiment les tenants et les aboutissants de ce que traverse notre pays ? Nous voyons émerger des initiatives ici et là, mais encore faut-il comprendre ce dont on parle. Il est temps de se réapproprier notre histoire, de réveiller notre esprit critique et d’apprendre — ensemble.

Une conférence pédagogique, patriotique et interactive

La conférence, intitulée « En quoi sommes-nous concernés ? », s’est tenue le 24 mai à l’hôtel Mercure de Liège, en Wallonie. Un lieu accessible, avec parking gratuit et boissons offertes pour accueillir les participant·es dans les meilleures conditions. De 18h15 à 21h, une centaine de personnes ont assisté à un moment unique mêlant transmission, débat et prise de conscience.

À mes côtés, Lydia Mutyebele, députée fédérale belge et première femme noire élue à ce poste. Une femme de conviction, déterminée à porter des sujets trop souvent ignorés. Nous étions également accompagnés d’un professeur d’histoire et de géographie africaine, pour ancrer les discussions dans un cadre rigoureux et accessible.

Il ne s’agissait pas simplement d’une présentation descendante : le format était interactif, conçu pour favoriser le dialogue avec le public. Nous avons abordé l’histoire du Congo, la sociologie des conflits, les enjeux philosophiques et géopolitiques, avec une série de questions, de remarques et de témoignages.

Et surtout, nous avons pu compter sur un contact en direct depuis Goma : Pascal Mugaruka, directeur de l’ONG Africa Reconciled. Une voix de terrain, essentielle pour comprendre la réalité locale, au-delà des grands discours. Grâce à lui, la conférence a pris une dimension concrète, solidaire, connectée au vécu quotidien des Congolais de l’Est.

Une initiative à renouveler

Ce premier événement est, je l’espère, le début d’une série. Car nous avons besoin de créer des espaces d’apprentissage et de dialogue, ici en diaspora, pour mieux comprendre les enjeux qui traversent notre pays, et agir avec lucidité. Il ne s’agit pas seulement de solidarité, mais de responsabilité collective.

Nous sommes toutes et tous concernés.