Ce 11 Novembre, l’Angola célèbre un demi-siècle d’indépendance. Mais derrière les festivités se cachent des défis immenses : pauvreté, chômage, inégalités et restrictions des libertés. Alors que la majorité de la population est née après la guerre civile, que reste-t-il de la promesse d’un pays libre et prospère ?
Aujourd’hui, l’Angola fête ses 50 ans d’indépendance. Depuis le 11 novembre 1975, le pays n’est officiellement plus sous domination portugaise. Oui, l’Angola est un pays libre… mais à quel prix ?
Que signifie encore le terme « indépendance » pour un pays jeune, dont près des deux tiers de la population ont moins de 30 ans ? Pour beaucoup, la liberté reste une notion abstraite, un rêve encore loin de la réalité quotidienne.
L’Angola, riche en ressources naturelles (pétrole, diamants, gaz)reste profondément inégal. Dans ses grandes villes, comme Luanda, de grands tours de verre et d’acier côtoient des bidonvilles surpeuplés, symbolisant le paradoxe du pays. Près de 70 % de la population a moins de 30 ans et se confronte à la précarité, au manque d’emploi et à la frustration sociale.
Depuis 2017, le président João Lourenço succède à José Eduardo dos Santos, qui a dirigé le pays pendant 38 ans. Lourenço rappelle régulièrement que l’indépendance n’est pas un point final, mais un processus continu. L’Angola a quitté l’OPEP pour reprendre le contrôle de sa production pétrolière, investi dans le gaz et l’agriculture, mais la redistribution des richesses reste inégalitaire.
La jeunesse angolaise, qui n’a pas connu la guerre civile ni la guerre d’indépendance, devrait bénéficier de ces richesses et de systèmes éducatifs performants. Pourtant, chômage, précarité et défiance politique dominent le quotidien. Le marché du travail reste fragile, dominé par l’économie informelle, et l’accès à un emploi stable pour les jeunes diplômés est rare. La question n’est plus la guerre, mais la justice sociale et économique.
Les récentes mobilisations de l’été 2025 en sont un exemple. Tout a commencé avec l’augmentation du prix du carburant de plus de 30 %, faisant passer le litre de diesel de 300 à 400 kwanzas (0,28 à 0,38 €). Les candongueiros, minibus assurant l’essentiel des transports à Luanda, ont lancé une grève. Face à l’absence de transport public, des milliers d’Angolais se sont retrouvés bloqués dans un contexte déjà marqué par l’inflation. Les affrontements avec la police, les pillages de supérettes et de marchés, témoignent d’une colère qui n’est pas motivée par l’enrichissement, mais par la survie quotidienne.
Malgré ses richesses, l’Angola importe son carburant faute de raffineries locales, et les subventions sont progressivement supprimées sans mesures sociales compensatoires. Le salaire moyen mensuel reste autour de 75 dollars, et la population perd confiance en un État perçu comme corrompu et inefficace.

Cette situation n’est pas nouvelle. La liberté d’expression est limitée, et les défenseurs des droits humains sont régulièrement inquiétés. L’affaire des « Angola 15 + 2 » en 2015 illustre cette répression : 13 militants arrêtés pour avoir discuté pacifiquement de démocratie et de moyens de manifester. Après des mois de détention et de procès, certains ont été condamnés à plusieurs années de prison, malgré la mobilisation internationale.
L’Angola est un pays jeune, dont la mémoire historique s’efface progressivement. Beaucoup ignorent l’histoire de l’indépendance et de la guerre civile, et c’est un enjeu crucial de la transmettre. Raconter l’histoire de l’Angola, honorer celles et ceux qui ont contribué à sa libération, est un devoir de mémoire essentiel pour les générations futures.
Cinquante ans après l’indépendance, l’Angola aspire à être un pays prospère, juste et libre. Mais pour cela, il doit faire face à ses inégalités, écouter sa jeunesse et réinventer sa souveraineté, non seulement sur le papier, mais dans le quotidien de tous ses citoyens.
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