Le 26 septembre 2025, un drame a ravivé la colère populaire. Rivaldo, étudiant en Master 2 de la filière Sciences de la Mer à l’Université d’Antsiranana, a été abattu alors qu’il sortait faire quelques courses. Originaire de Sambava, il préparait son avenir loin de sa famille, comme beaucoup de jeunes Malgaches portés par l’espoir d’un meilleur futur.
Dès le lendemain, ses camarades de l’université sont descendus dans la rue pour réclamer justice. Sa mort illustre la tension croissante entre les forces de l’ordre et la population civile, dans un contexte déjà marqué par les coupures d’électricité, les pénuries et une profonde défiance envers les autorités.
Une contestation qui dépasse la capitale
Si Antananarivo reste l’épicentre des mobilisations, la contestation est particulièrement vive dans le nord, à Antsiranana, où les rassemblements étudiants prennent de l’ampleur. Ces manifestations comptent parmi les plus massives depuis la période précédant l’élection présidentielle de 2023, un scrutin boycotté par l’opposition et marqué par une faible participation.
Dans ce climat, la Génération Z s’impose comme un acteur central. À travers les réseaux sociaux et dans la rue, elle diffuse un mot d’ordre clair :
« Rajoelina, dégage » (« Miala Rajoelina »).
La jeunesse appelle aussi au départ de plusieurs personnalités proches du pouvoir, dont l’homme d’affaires Mamy Ravatomanga et le Premier ministre Christian Ntsay, en poste depuis 2018.
Un pouvoir fragilisé
Face à cette montée de colère, le président Andry Rajoelina a tenté de réagir : limogeage de son ministre de l’Énergie, déplacement dans un quartier populaire d’Antananarivo après son retour de l’Assemblée générale de l’ONU à New York… Il y a promis de « tout corriger » et de se rapprocher des Malgaches.
Mais ces annonces peinent à convaincre. Les manifestations se poursuivent et s’étendent à plusieurs villes, notamment Diego. La mort de Rivaldo agit désormais comme le symbole d’une rupture entre une génération en quête d’avenir et un pouvoir accusé de surdité.
Le lundi 29 septembre, Andry Rajoelina s’est adressé à la nation à travers les chaînes publiques. Durant cette allocution, il a annoncé le limogeage du gouvernement, mettant fin à la primature de Christian Ntsay, seulement 24 heures après avoir démis de ses fonctions le ministre de l’Énergie et des Hydrocarbures, Olivier Jean Baptiste.
Une décision qui sonne comme un désaveu d’incompétence, mais que beaucoup considèrent comme un trompe-l’œil. Les manifestants réclament désormais la démission pure et simple du président, accusé de ne pas avoir reconnu l’inaction de l’État face aux conditions de vie de la population.