À La Grand-Combe, dans le Gard, Aboubakar, 22 ans, a été assassiné dans une mosquée par un homme animé par la haine islamophobe. Ce drame glaçant intervient dans un contexte de tensions grandissantes envers la communauté musulmane en France. Retour sur un crime qui soulève indignation, colère et appels à la mobilisation.
Récit d'un crime ignoble
Vendredi 25 avril 2025, aux alentours de 8h30, Aboubakar, jeune Malien de 22 ans, a été sauvagement tué dans la mosquée Khadidja de La Grand-Combe, dans le Gard. Agenouillé seul pour sa prière, il a été poignardé à plusieurs reprises par Olivier H., un jeune homme de 20 ans.
L’auteur a filmé son crime avec son propre téléphone, insultant violemment la religion de sa victime en lançant : « Ton Allah de merde », tout en se félicitant de son geste et laissant entendre qu’il comptait recommencer. Les caméras de vidéosurveillance de la mosquée ont également capté l’attaque. Le caractère islamophobe de cet assassinat ne fait aucun doute.
La France et la montée des idées d’extrême-droite
Cet acte abominable s’inscrit dans un climat de tension extrême en France envers la communauté musulmane. La montée de l’extrême droite, l’explosion des discours haineux et les prises de position radicales jusque dans les plus hautes sphères du pouvoir ont légitimé une islamophobie décomplexée.
La récente victoire de l’extrême droite aux élections européennes, suivie par la dissolution de l’Assemblée nationale, en est un symptôme alarmant. De plus, des mesures comme l’interdiction de l’abaya à l’école ou la bataille acharnée contre le voile dans le sport, portées notamment par Bruno Retailleau, aujourd’hui ministre de l’Intérieur, renforcent cette stigmatisation.
Le suspect et l'enquête
Le suspect, Olivier H., de nationalité française et d’origine bosnienne, issu d’une famille chrétienne nombreuse, vivant du RSA, est décrit par le procureur comme « potentiellement extrêmement dangereux » et « susceptible de récidiver ». Il est toujours en fuite.
L’enquête, désormais ouverte pour assassinat avec préméditation, est menée par la gendarmerie du Gard, la section de recherches de Nîmes, la police judiciaire et la sous-direction antiterroriste (SDAT).
Aboubakar était un jeune homme apprécié à La Grand-Combe. Titulaire d’un CAP maçonnerie, il aidait régulièrement à l’entretien de la mosquée. Ce vendredi-là, il était venu tôt pour préparer les lieux avant la grande prière.
La mobilisation
Face à cet ignoble assassinat, plusieurs mobilisations ont eu lieu.
Des milliers de personnes ont marché à La Grand-Combe, depuis la mosquée jusqu’à la mairie, en hommage à Aboubakar et contre l’islamophobie, en présence notamment du député LFI Raphaël Arnault.
La foule, dans un élan d’espoir, de dignité et de résistance, a honoré la mémoire du jeune homme.
Ce matin sur X (anciennement Twitter), David Guiraud, député LFI, a pris la parole pour dénoncer :
« L’assassinat sauvage et islamophobe d’Aboubakar, tué de plusieurs dizaines de coups de couteaux dans une mosquée, n’a fait déplacer sur place ni le ministre de l’Intérieur, qui a préféré maintenir son meeting de campagne pour la présidence des Républicains selon Médiapart, ni le préfet du Gard. Le mépris des institutions est constant face à cette islamophobie qui tue dans notre pays. »
Un rassemblement est également prévu à Paris, place de la République, ce dimanche à 18h, à l’appel de la France Insoumise.