Le 24 juillet 2025, le parquet de Bordeaux a annoncé la réouverture du dossier Krisztina Rady, mettant en cause Bertrand Cantat dans des affaires de violences volontaires.
Cette nouvelle affaire met en lumière le comportement tumultueux du chanteur, déjà condamné en 2004 pour le meurtre de sa compagne Marie Trintignant. La réouverture de ce dossier soulève de nombreuses zones d’ombre, notamment sur la mort de sa femme.
I. La mort de Marie Trintignant

Le 1ᵉʳ août 2003, Marie Trintignant meurt d’un œdème cérébral, conséquence des blessures causées par son compagnon de l’époque, Bertrand Cantat.
Les faits se déroulent lors d’un séjour de deux mois en Lituanie, où Cantat, selon plusieurs sources, a volontairement accompagné l’actrice tout au long de son tournage pour rester « au plus proche d’elle ».
L’acteur, décrit comme jaloux, possessif et oppressant, aurait déclaré avoir donné « quatre gifles » à Marie, sans intention de la tuer. Pourtant, ses propres aveux en août 2003 indiquent qu’il lui a asséné de « grandes baffes » qui ont écrasé son nez, arraché ses nerfs optiques et entraîné l’œdème cérébral fatal.
Après avoir constaté que Marie ne bougeait plus, Cantat n’a pas immédiatement demandé de l’aide. Ce n’est qu’au petit matin, lorsque Vincent Trintignant, le frère de Marie, a découvert qu’un filet de sang s’écoulait de la bouche de sa sœur, que les secours ont été appelés.
Selon UN Women, cet acte s’inscrit dans les caractéristiques d’un féminicide :
1. Violence extrême à l’égard des femmes : Marie a été tuée par des coups mortels.
2. Lien avec l’entourage proche : elle a été tuée par son compagnon.
3. Vulnérabilité accrue : elle vivait sous emprise, comme l’attestent de nombreux témoignages.
Plusieurs proches décrivent une omniprésence étouffante de Cantat sur le tournage :
• Nadine Trintignant, mère de Marie, souligne que cette surveillance constante rendait sa fille nerveuse.
• Son frère Vincent déplore que Cantat monopolise une grande partie de son temps, l’accablant de SMS et d’appels.
• Richard Kolinka, ex-compagnon, rapporte : « Pendant que nous déjeunions, il l’appelait. Marie m’a dit : “C’est dingue, il est incroyablement jaloux, il veut savoir où je suis et ce que je fais.” »

Contrairement à ce qu’ont tenté de présenter certains médias, il ne s’agit pas d’un crime passionnel.
Lio, proche de Marie, déclare : « Dire que Marie était responsable de sa mort avec lui, que c’est la passion et l’amour qui l’ont tuée, c’est non. » Elle rappelle que le visage de Marie était « détruit comme après un accident de moto à 120 km/h ».
Cette narration biaisée par certains médias entretient l’idée que Cantat, supposément « fou amoureux », aurait agi sous l’emprise de ses sentiments. Une manière de minimiser la responsabilité criminelle.
Par ailleurs, Cantat a souvent utilisé des phrases à charge contre Marie pour justifier son acte :
• « On s’aimait trop. »
• « C’était un accident. »
• « J’ai la culpabilité profonde d’avoir tué la personne sans laquelle je suis incapable de vivre. »
Ce discours relève d’un schéma de manipulation, décrit par les spécialistes comme typique du pervers narcissique : se présenter en victime et projeter ses propres fautes sur l’autre.
II. Une image médiatique intacte

Cette affaire soulève une question récurrente : faut-il séparer l’artiste de l’homme ?
Pour beaucoup, il est difficile de concilier l’image engagée et adulée de Cantat avec son crime. Anne-Sophie Jahn, journaliste et réalisatrice du documentaire Netflix De Rockstar à Tueur, souligne :
« Il est soutenu par une grande partie des médias, par la gauche, par ses fans… et on reporte la faute sur Marie. »
Radio France rappelle que la presse a souvent décrit Cantat comme « éprouvé », « faible psychologiquement », ou encore comme un « homme choqué » voulant mourir, autant d’éléments qui renforcent une vision empathique envers lui.
III. La mort de Krisztina Rady
En juillet 2025, la justice rouvre également l’enquête sur la mort de Krisztina Rady, retrouvée pendue en 2010 dans l’appartement du couple, alors que Cantat était présent.
Certains se demandent si elle n’a pas subi des violences similaires à celles infligées à Marie Trintignant.
Des témoignages évoquent un climat de terreur. L’un d’eux rapporte :
« Elle se faisait battre sans arrêt devant des amis, devant des témoins. »

Une soignante anonyme confirme avoir constaté chez elle un décollement du cuir chevelu et des hématomes.
En juillet 2009, Krisztina laisse un message vocal à ses parents :
« Bertrand est fou… Hier, j’ai failli perdre une dent. Il m’a lancé mon téléphone, mes lunettes… Mon coude est tuméfié et un cartilage s’est cassé. » Elle conclut : « J’espère que vous pourrez encore entendre ma voix. Je ne peux pas m’en sortir saine et sauve. »
Dans une lettre retrouvée après son décès, elle écrit :
« Merci aux cris incessants et aux accusations de Bertrand, dépositaire exclusif de souffrance. »
Ces éléments laissent penser à un suicide forcé, forme de harcèlement conjugal poussant une personne au suicide, reconnue par la loi française depuis 2020.
Malgré la réouverture du dossier, deux versions persistent : celle de Bertrand Cantat et celles de ses victimes et de leurs proches.
Cette affaire met en évidence le traitement médiatique différencié entre hommes accusés de violences et leurs victimes, et pose une question centrale : à quel prix protège-t-on l’image des hommes puissants ?