Budget 2026 : les précaires en première ligne face aux coupes annoncées par François Bayrou

7/21/2025

Le gouvernement français, représenté par le Premier ministre François Bayrou, annonce un plan d’économies de 43,8 milliards d’euros dans le budget 2026. Présenté mardi 15 juillet 2025, en prévision du projet de loi de finances de l’automne à l’échelle nationale, avec des conséquences sur tout le territoire français. Pour ramener le déficit public à 4,6 % du PIB et répondre aux exigences de rigueur budgétaire

Le Premier ministre François Bayrou a dévoilé ce mardi 15 juillet son plan budgétaire pour2026. Objectif affiché : réduire le déficit public en économisant 43,8 milliards d’euros. Un chiffre supérieur aux 40 milliards initialement évoqués, justifié par une hausse des dépenses militaires décidée par l’Élysée. L'exécutif vise un passage de 5,8 % à 4,6 % du PIB.

Mais derrière les chiffres, ce sont des mesures concrètes aux conséquences lourdes pour les ménages les plus fragiles. Gel des prestations sociales, fin de la revalorisation des salaires des fonctionnaires, hausse des franchises médicales, suppression de jours fériés :ces choix budgétaires soulèvent de nombreuses inquiétudes sur leur impact social.

Prestations sociales et fiscalité : des ajustements contestés

Parmi les coupes les plus marquantes figure une « année blanche » sur les prestations sociales, qui ne seront plus indexées sur l’inflation. Concrètement, les aides comme le RRSA ou les pensions de retraite verront leur pouvoir d’achat diminuer, alors même que les prix de l’alimentation et de l’énergie restent élevés pour les foyers modestes.

Autre mesure critiquée : le gel du barème de l’impôt sur le revenu. Cela signifie qu’en cas de revalorisation salariale minime, les contribuables les plus modestes pourraient basculer dans une tranche supérieure, augmentant mécaniquement leur fiscalité. En parallèle, les fonctionnaires ne verront pas leurs salaires revalorisés, malgré une inflation encore présente.

Santé et arrêts maladie : les malades priés de coûter moins

Le gouvernement prévoit un doublement de la franchise médicale, passant de 50 à 100euros par an. Pour de nombreux foyers précaires, cela représente une dépense supplémentaire difficilement absorbable. Cette mesure pourrait dissuader les plus pauvres de se soigner, au détriment de leur santé.

Le plan prévoit également une lutte accrue contre les arrêts maladie jugés abusifs. Une orientation qui pourrait accroître la pression sur les travailleurs précaires, souvent en première ligne dans des métiers pénibles ou à risque, et dont les arrêts de travail sont souvent liés à des conditions de travail dégradées.

Système de santé et arrêts maladie dans le viseur

La participation des collectivités territoriales sera également ajustée, avec un effort de 5,3milliards d’euros. Ce recentrage budgétaire risque de toucher directement les services publics de proximité : crèches, transports, soutien scolaire ou aides sociales locales. Dans les zones rurales et les quartiers populaires, ces services constituent pourtant un filet de sécurité sécurité essentiel.

L’État prévoit en outre de supprimer 3 000 emplois publics en 2026, et de ne pas remplacer un fonctionnaire sur trois partant à la retraite en 2027. Les conséquences pourraient être particulièrement dures dans les secteurs déjà sous tension, comme l’éducation, la justice ou l’aide sociale.

Modification du calendrier des jours fériés proposée

Autre décision emblématique : la suppression de deux jours fériés, parmi lesquels le lundi dePâques et le 8 mai sont évoqués. Si cette mesure vise à générer une croissance du temps de travail, elle pourrait aussi peser sur des salariés qui bénéficient déjà de peu de congés,ou travaillent dans des secteurs où les jours fériés sont synonymes de majorations salariales.

La disparition de ces jours de repos pourrait donc être ressentie comme une double peine par les classes populaires : moins de temps libre, et moins de revenus dans certains cas.Cela renforce le sentiment que les efforts demandés touchent en priorité ceux qui ont le moins de marge de manœuvre.

Contributions fiscales et lutte contre la fraude évoquées

Si le gouvernement évoque une « contribution de solidarité sur les hauts revenus » et une taxe sur les petits colis importés, ces mesures restent relativement limitées par rapport à l’ampleur des économies visées. La lutte contre l’optimisation fiscale est mentionnée, mais sans calendrier ni dispositif précis pour l’instant.

À moyen terme, le risque est que les inégalités sociales se creusent davantage, avec des classes moyennes et populaires qui subissent les effets directs de ces réformes, pendant que les plus hauts patrimoines continuent de bénéficier de régimes fiscaux favorables.

Un contexte économique en tension pour les foyers modestes

Alors que l’Insee annonçait une stabilisation du pouvoir d’achat début 2025, ce plan budgétaire risque d’inverser la tendance. La hausse des restes à charge en santé, la fin de l’indexation des prestations, les baisses de services publics locaux pourraient, à terme, faire reculer les conditions de vie d’une partie significative de la population.

À court terme, certaines de ces mesures pourraient se faire sentir dès 2026, notamment pour les bénéficiaires du RSA ou les retraités. À moyen et long terme, elles pourraientaffaiblir durablement la cohésion sociale, en accentuant le sentiment d’injustice économique et de déclassement chez les plus modestes.