Interception de Freedom Gaza Flotilla : Israël accusé de piraterie en haute mer

6/9/2025

Dans la nuit du dimanche 8 au lundi 9 juin, le navire Madleen de la flottille humanitaire Freedom Flotilla, transportant de l’aide en direction de Gaza, a été intercepté par les autorités israéliennes. À son bord se trouvaient douze humanitaires, dont l’eurodéputée Rima Hassan, l’activiste suédoise Greta Thunberg et le journaliste de Blast, Yanis Mhamdi.

Dans la nuit du dimanche 8 au lundi 9 juin, les autorités israéliennes ont intercepté et arraisonné le navire humanitaire Madleen en eaux internationales, à environ 185 km de Gaza, avant de le remorquer vers le port israélien d’Ashdod. Les douze activistes présents à bord, dont six Français, parmi eux l’eurodéputée Rima Hassan et le journaliste Yanis Mhamdi, ont été détenus par les forces israéliennes.

Le ministre israélien de la Défense, Israël Katz , a ordonné la diffusion à ces activistes d’images des attaques du 7 octobre, dans le but déclaré de les sensibiliser, ou, selon certains observateurs, de les intimider. Les passagers devraient être transférés dans un centre de détention israélien avant d’être expulsés vers leur pays d’origine, après un long interrogatoire.

Réactions internationales

Les réactions internationales ne se sont pas fait attendre. Le Royaume-Uni, la Suède, la France, l’Espagne et d’autres pays ont exprimé leurs préoccupations quant aux potentielles violations du droit maritime et du droit humanitaire.

« Nous avons demandé à pouvoir exercer la protection consulaire » pour les six ressortissants français à bord du bateau intercepté par Israël, a déclaré Jean-Noël Barrot au micro de BFM TV ce matin.

Des ONG comme Amnesty International ont dénoncé une interception contraire au droit international, en particulier à la liberté de navigation. Des partis politiques comme La France insoumise (LFI) demandent la libération immédiate de l’équipage, ainsi que la mise en place de corridors humanitaires alternatifs. Ils appellent également à une mobilisation populaire partout en France et à l’international.

Jean-Luc Mélenchon a qualifié l’opération israélienne d’« acte de piraterie ». « Les distributeurs de sandwichs israéliens qui ont piraté le bateau cette nuit sont dangereux », a-t-il écrit sur X, le 9 juin. Il a interpellé le gouvernement et Emmanuel Macron, leur reprochant de ne « pas prendre la mesure du danger ». « Ont-ils peur de Netanyahou ? C’est insupportable », a conclu le leader de LFI.

Le Madleen, symbole d’une mobilisation internationale

Le Madleen est un navire britannique, baptisé en hommage à Madleen Culab, une pêcheuse gazaouie. Il a quitté la Sicile le 1er juin, en tant que principal navire de la coalition humanitaire internationale « June 2025 Gaza Freedom Flotilla ». À son bord se trouvent des denrées alimentaires, des produits d’hygiène et du matériel médical. Parmi les douze activistes figurent :

  • Baptiste André, médecin humanitaire français,

  • Reva Seifert-Viard et Pascal Maurieras, militants français,

  • Yanis Mhamdi, journaliste français,

  • Rima Hassan, eurodéputée française,

  • Greta Thunberg, activiste suédoise,

  • Thiago Ávila, coordinateur de Freedom Flotilla Brazil,

  • et Yasemin Acar, militante allemande.

Un geste politique et symbolique

L’objectif de cette flottille est de dénoncer la crise humanitaire à Gaza, aggravée depuis le 7 octobre 2023, et de rendre visible l’engagement d’acteurs internationaux contre le blocus israélien. Si la cargaison reste symbolique par son volume, l’initiative entend briser le silence, attirer l’attention des médias et des gouvernements, et défier l’embargo imposé à la bande de Gaza.

Pour les organisateurs, il s’agit aussi de dénoncer les crimes de guerre, voire les actes de génocide, commis par Israël contre la population palestinienne depuis le début du conflit.

Un acte illégal selon le droit international

L’interception du Madleen soulève de nombreuses interrogations juridiques. En vertu du droit maritime international, seul l’État du pavillon (ici le Royaume-Uni)  a juridiction sur un navire en haute mer, sauf exceptions très restreintes (piraterie, esclavage, émissions illégales, navire sans pavillon…).

Le Madleen, clairement identifié et battant pavillon britannique, se trouvait à 185 km des côtes israéliennes, donc en eaux internationales. Israël justifie l’arraisonnement par le blocus qu’il impose à Gaza depuis 2007, mais selon la Convention des Nations unies sur le droit de la mer (CNUDM), cette justification ne suffit pas pour légitimer une interception hors de ses eaux territoriales.

Amnesty International et le Conseil norvégien pour les réfugiés estiment qu’il s’agit d’un acte de piraterie d’État. Francesca Albanese, Rapporteuse spéciale de l’ONU, rappelle que le blocus en lui-même est illégal car il constitue une punition collective interdite par l’article 33 de la Quatrième Convention de Genève.

Le Royaume-Uni, dont le navire porte le pavillon, pourrait donc contester officiellement l’interception et faire valoir sa juridiction exclusive.