Miss France 2025 : vers un concours plus représentatif de la société ?

12/19/2024

Le week-end du samedi 14 décembre a marqué la tenue du concours de Miss France, présenté par l’incontournable Jean-Pierre Foucault, qui a reçu un bel hommage pour ses 30 ans en tant qu’hôte de cette cérémonie emblématique.

En direct de l’Arena du Futuroscope, le concours de Miss France 2025 a élu notre nouvelle reine de beauté, succédant à Eve Gilles, Miss Nord-Pas-de-Calais et Miss France 2024. Comme chaque année, l’événement a fait grand bruit, attirant une audience en constante augmentation, preuve de sa popularité auprès des téléspectateurs.

Douze candidates se sont affrontées sur scène devant un jury 100 % féminin, enchaînant les défilés en costumes régionaux, maillots de bain une pièce et robes de bal. Depuis 2022, sous l’impulsion d’Alexia Laroche-Joubert, le comité Miss France a amorcé une véritable révolution en assouplissant son règlement. L’âge limite de 24 ans a été supprimé, les candidates portant des tatouages visibles sont désormais acceptées, tout comme les femmes transgenres. Ces évolutions ont permis à Angélique Angarni-Filopon, Miss Martinique, de remporter cette édition. Âgée de 34 ans, elle est devenue la première Miss France trentenaire et tatouée.

Comme toujours, la soirée diffusée sur TF1 a suscité de nombreux commentaires sur le physique des 30 Miss régionales. La gagnante n’a pas échappé aux critiques : si Eve Gilles avait été attaquée l’an dernier sur son poids et sa coupe de cheveux courte, cette année, Angélique Angarni-Filopon a été ciblée pour son âge, sa couleur de peau et son style capillaire. Les réseaux sociaux ont été inondés de messages, exprimant parfois avec virulence la déception de certains téléspectateurs. Pourtant, l’élection d’une Miss âgée de 34 ans marque un véritable tournant. Pour Angélique, c’est une revanche personnelle : elle avait déjà tenté sa chance en 2011, en terminant première dauphine lors de Miss Martinique. Sa victoire incarne également un message porteur d’espoir, résumé dans sa déclaration : « À toutes celles à qui on a dit qu’il était trop tard, cette victoire est pour vous. »

Les réformes du comité Miss France séduisent certains et déplaisent à d’autres. Si la cérémonie cherche à être moins sexiste et âgiste, elle repose encore sur des critères physiques très normés. Par exemple, bien que le poids ne soit officiellement pas un critère, la taille minimale requise reste de 1,70 m, et les candidates ayant eu recours à la chirurgie esthétique ne peuvent pas concourir. Ces exigences sont bien éloignées de la réalité des femmes françaises, qui mesurent en moyenne 1,64 m, pèsent 67 kg et portent généralement une taille 40. Cela soulève des questions sur la représentation des corps féminins dans ce type de concours et les complexes qu’ils peuvent engendrer auprès du public.

Les controverses autour des concours de beauté ne se limitent pas à la France. À l’étranger, certaines initiatives montrent un vent de modernisation plus prononcé. En 2018, Angela Ponce est devenue la première femme transgenre élue Miss Espagne. Elle a été suivie en 2023 par Rikkie Kolle, Miss Pays-Bas. La même année, Miss Univers a supprimé l’interdiction faite aux femmes mariées, divorcées ou mères de participer à l’élection. Le comité Miss Univers s’est félicité de cette avancée, affirmant vouloir redonner aux femmes le contrôle sur leurs choix de vie et lutter contre les stéréotypes.

Certains pays vont même plus loin, comme les Pays-Bas, qui ont décidé en 2023 de mettre fin à leur concours de Miss après 35 ans d’existence. La directrice Monica Van Ee a annoncé son remplacement par une plateforme intitulée « Plus de ce Temps », en phase avec les évolutions sociétales. Cette initiative mettra en avant des thématiques comme la santé mentale, la diversité et la solidarité entre femmes, tout en offrant un espace où celles-ci pourront partager leurs histoires et s’entraider. L’objectif est de dépasser la superficialité des concours de beauté et de valoriser les personnalités et les parcours individuels, aidant ainsi les femmes à s’accepter dans un monde encore marqué par des normes oppressives.